Comment dépasser et faire une force de l’éco-anxiété (ou éco-sensibilité), ce mal du siècle qui englobe une palette d’émotions et qui répond à l’urgence climatique et environnementale actuelle ? Dans ce nouvel article nous explorerons ses contours et vous découvrirez le triangle vertueux de l’éco-anxieux.se pour transcender cet état et le mettre au service du collectif via des actions concrètes et efficaces !
I- Quid de l’éco-anxiété, ce mal du siècle ?
L’éco-anxiété est un terme de plus en plus courant dans les discussions sur le changement climatique et la crise environnementale mondiale. Cette forme d’anxiété, bien qu’encore peu reconnue officiellement comme un trouble mental à part entière, affecte de plus en plus de personnes, particulièrement parmi les jeunes générations. À ce jour aucune définition ne fait consensus. « Le terme éco- anxiété est encore flou, avec un éventail de définitions et de termes associés utilisés dans la littérature disponible », constatent des chercheurs australiens dans un état des lieux sur le sujet publié en 2021.
Le concept d’éco-anxiété englobe une palette d’émotions, de symptômes et de questionnements face à la prise de conscience croissante des dangers environnementaux : peur de l’avenir, colère face à l’inaction politique, tristesse face à l’état de la planète, sentiment d’impuissance – que puis-je faire face au désastre écologique – de perte de contrôle – quelle est la portée de mon action individuelle ? – perte de sens, dépression – à quoi bon continuer de vivre ? – troubles anxieux pouvant parfois aller jusqu’à une anxiété chronique, des attaques de panique ou des insomnies.
II- L’éco-anxiété : le symbole d’un esprit lucide face à l’inaction politique
J’insiste sur un point essentiel en tant qu’accompagnante à l’éco-anxiété : il ne faut pas pathologiser le phénomène, c’est-à-dire considérer l’éco-anxiété comme une maladie. Cela reviendrait à individualiser le problème, à limiter la cause du problème aux seuls individus, et ainsi à cantonner la gestion de ce problème à la seule médecine plutôt que d’obliger la société tout entière à un examen de conscience. Individualiser l’éco-anxiété c’est finalement une façon pour la société de ne pas poser la question de son fonctionnement général.
Pointer du doigt la fragilité des éco-anxieux, c’est se détourner du problème et ne pas voir toute la violence que produit le système : l’inaction climatique ; le fait qu’on ne fasse rien et qu’on y assiste en spectateur impuissant.
Elle n’est donc pas une maladie, au contraire elle est le symbole d’un esprit rationnel et inquiet face à l’inaction de la société en dépit des dramatiques constats des scientifiques. Charline Schmerber (psychothérapeute) va même encore plus loin, comparant les éco-anxieux aux lanceurs d’alertes : « Ils sont en capacité de voir que le monde ne tourne pas bien. Des personnes saines d’un monde qui s’ignore fou. »
L’éco-anxiété peut se transformer en force fertile et en pratique offensive, à condition de ne pas s’enfermer dans une attitude anxiogène, de la sublimer et de lui donner une portée collective ; elle est une étape de prise de conscience. L’important, c’est de la transformer en action collective pour s’attaquer au changement climatique !
III- Comment faire une force de l’éco-anxiété ?
Il existe divers moyens de la dépasser ou tout du moins, d’en atténuer les effets. Avec mon collectif toulousain « Les Écolos Anonymes » nous avons créé le triangle vertueux de l’éco-anxieux.se pour vous aider à réduire vos symptômes, trouver votre propre sens et agir de manière efficace.
1) Apaiser son éco-anxiété
Si dans votre quotidien vous avez des pensées et émotions anxiogènes, envahissantes et difficiles concernant l’urgence climatique et l’inaction de la société, les outils suivants pourront vous aider à réduire leur impact et leur influence dans votre vie :
- Communiquer : Parler de ses inquiétudes et partager son éco-anxiété peut avoir un effet libérateur et réduire le sentiment d’isolement ; avec son entourage : ami.e.s, famille, collègues, réseaux sociaux etc. et/ou au sein d’espaces dédiés : groupe de soutien, psychothérapie, ateliers proposés par des collectifs et/ou associations etc.
- Libérer ses émotions : S’autoriser à accueillir, ressentir, exprimer les émotions qui nous traversent en lien avec l’état du monde : reconnaître et laisser place à son angoisse, à sa peine, à sa peur, à sa colère pour le monde. Dans mon accompagnement à l’éco-anxiété, j’utilise des outils de thérapie émotionnelle (EFT, libération par le corps …) pour vous aider à développer votre intelligence émotionnelle : ressentir dans votre corps l’émotion, répondre à son besoin, l’exprimer et la laisser passer. J’anime également un atelier gratuit et ouvert à tous.tes “À la rencontre de nos émotions” avec mon Collectif toulousain « Les Écolos Anonymes » pour partager, se soutenir et faciliter l’extériorisation des émotions.
- Prendre soin de soi : Prendre du temps pour soi et se prioriser n’est pas égoïste ! Bien au contraire, cela permet d’être mieux avec soi-même, d’adoucir son quotidien, d’être plus disponible pour les autres et d’agir pour le monde depuis un espace de paix intérieur. En pratique vous pouvez faire des activités qui vous font du bien pour vous ressourcer régulièrement : activités sportives, artistiques, loisirs culturels, massages, relaxation, méditation, détox médiatiques, un moment agréable en famille, entre ami.e.s autour d’un bon repas, bain de nature …
2) Trouver son sens personnel et professionnel
Si vous ne trouvez plus de sens ni de plaisir dans votre vie professionnelle, si vous souhaitez améliorer votre cadre de vie et/ou vous êtes en quête de sens existentiel, les réflexions et outils suivants pourront vous être utiles :
- L’Ikigai pour trouver son sens perso et pro : concept japonais signifiant pour les natifs de l’île d’Okinawa « la raison pour laquelle nous nous levons chaque matin », l’Ikigai vous sera d’une grande utilité dans votre quête de sens. J’ai écrit un article entier sur ce sujet : « Trouver son sens professionnel grâce à l’Ikigai » pour vous aider dans vos réflexions.
- Améliorer son cadre de vie : Au-delà du type d’habitat, il est intéressant de se demander quel attachement et quel investissement j’ai envie d’avoir autour de mon lieu de vie ? Suis-je simplement de passage, un dortoir me suffit t’il, ou est-ce que j’ai quelque chose à apporter ? Rencontrer ses voisins, s’investir dans la vie locale, discuter avec les commerçant.e.s, faire partie d’un club de sport, etc…, peut aussi améliorer son cadre de vie. Exemples de lieux de vie plus en adéquation avec ses valeurs écologiques et humaines : en solo : habitats légers, habitats mobiles / en collectif : habitats participatifs, éco-hameaux, éco-villages.
Exemples d’éco-lieux et d’habitats participatifs (Sud de la France) :
- Mascobado : habitat participatif à Montpellier
- Terra Arte : habitat participatif à Bayonne
- Mas Coop : habitat participatif à Toulouse (Beaumont-sur-Lèze)
- Le Cammas Blanc : habitat participatif à Alaigne (entre Carcassonne et Toulouse)
- TERA : éco-lieu de Lartel (Lot-et-Garonne)
- Sainte Camelle : éco-lieu en Ariège
Vous pouvez retrouver grâce à la CARTE DES OASIS plus de 1000 habitats participatifs en France.
- En quête de sens existentiel ? Chaque être humain porte en lui cette quête profonde de sens : quel sens je donne à ma vie d’être humain ? Pourquoi suis-je sur Terre ? Qu’est-ce que « réussir sa vie », à l’époque et à l’endroit où je vis ? Comment véritablement m’épanouir, être heureux·se et en paix ? Je vous invite à changer d’échelle de temps et d’espace en vous intéressant par exemple à la cosmologie (conférences Aurélien Barrau), à la physique quantique (conférences Etienne Klein), à l’anthropologie, à l’astronomie, à la paléontologie, aux nouveaux récits (Vivons heureux avant la fin du monde, Soif de sens, Dites à l’avenir que nous arrivons). Cette quête existentielle peut aussi vous amener dans le sillage de la pensée philosophique (podcast « Philosophy is sexy ») ainsi que de penseurs associés à des courants spirituels ou religieux (« Socrate, Bouddha, Jésus » de Frédéric Lenoir).
3) Agir individuellement et collectivement
Si vous ne savez pas comment agir, par où commencer, que vous vous sentez tout petit face aux grands groupes industriels et politiques, les réflexions et outils suivants pourront vous aider :
a) Actions individuelles :
- Faire le bilan de son empreinte carbone : avec l’outil Micmac proposé par Avenir climatique ou l’outil l’Ademe . Pour des transitions écologiques au sein de votre foyer avec la mise en place et le renforcement de divers actions, vous pourrez trouver de nombreuses actions concrètes et des ressources sur le site : « Les racines de résilience » avec leur magnifique « ARBRE AUX ACTIONS«
- Alimentation bio, locale, végétale : Pour stopper la souffrance animale et développer une santé optimale vous pouvez opter pour une alimentation végétale (attention à bien se faire accompagner pour une transition végétale sans carence). Vous pouvez également privilégier des produits locaux et issus de l’agriculture biologique : maraichers, AMAP, épicerie locale et bio (Biocoop, Naturalia etc.) , magasins bio en ligne (La Fourche, Greenweez).
- Modes de déplacement responsables : Vélo, marche, covoiturage, transports en commun (train, métro, tram, bus), réduction voir arrêt des trajets en avion. Pour calculer les émissions de carbone de vos trajets rendez-vous sur l’ADEME. Pour voyager de manière locale en France : le compte instagram PEPITESDEFRANCE donne vraiment envie de ne plus prendre l’avion !
- Énergie verte : Rénovation thermique, isolation, changement de chaudière. Baisser la température de son logement. Opter pour un fournisseur d’électricité verte : les infos ici
- Banque éthique : L’association « Les Amis de la Terre » ont crée le guide très utile « Choisis ta banque ». Ce guide vous aidera à identifier la banque à laquelle vous avez envie de confier votre argent (La Nef, Green Got, Crédit Coopératif, La Banque postale) et vous donnera des outils pour vous mobiliser afin de pousser de nombreuses banques à cesser leurs financements des énergies fossiles tels que : BNP PARIBAS, Crédit Agricole, Société Générale.
b) Actions collectives :
« Si les actions individuelles sont utiles, elles doivent s’adosser à des actions collectives indispensables pour transformer nos villes et nos territoires, nos infrastructures, nos modes de production, nos normes sociales, et construire l’accès pour tous aux solutions décarbonées. Réaliser ces transformations systémiques est une tâche immense. Le temps est compté, alors arrêtons de renvoyer dos à dos changements individuels et changements systémiques et reconnaissons que les deux sont essentiels ! » Extrait de l’ article de « Science et Avenir » de décembre 2022 par Céline Guivarch, directrice de recherche à l’École des ponts.
Pistes de réflexion :
- Participer à la vie associative de sa ville, de son village.
- Participer à des actions de sensibilisation aux problématiques environnementales.
- Inspirer et sensibiliser son entourage pour leur donner envie d’agir.
- Participer à des grandes manifestations de rue.
- Toute autre action de votre domaine d’expertise. Ex. : si vous avez des talents de bricoleur·euse ou de couturier·ère, participez ou animez un Repair Café !
- Dans votre entreprise et dans votre domaine d’expertise, s’engager pour que le développement durable ne soit pas que du greenwashing.
- Prendre contact avec un élu local pour discuter des enjeux climatiques ou via des associations comme Lobby Citoyen ou Voxpublic.
- S’engager en politique pour celleux qui s’en sentent capables.
- S’engager auprès d’associations, d’ONG ou de mouvements citoyens qui luttent pour la justice climatique et sociale et l’émergence de solutions alternatives : Extinction Rebellion (XR), Les amis de la Terre, Greenpeace, Les soulèvements de la Terre, La Base Toulouse etc.
Conclusion :
Être éco-anxieux.se c’est être lucide dans cette société de surconsommation qui pille les ressources de la Terre. Si elle peut sembler accablante au premier abord, elle peut aussi devenir un moteur de changement. Elle nous rappelle que nous avons tous un rôle à jouer pour préserver notre planète et que, même dans les moments de doute, l’espoir peut émerger de l’engagement collectif et de l’unité pour participer activement à la construction d’un avenir plus durable.
Prenez soin de vous et si vous le pouvez ENGAGEZ-VOUS 🌍
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Merci beaucoup pour votre lecture, à très vite 🌿
